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3 décembre 2013

Univ – Boulot – Dodo

280912-pratique

© Chaunu. Pour lire l'article joint, cliquez sur l'image

Depuis quelques années, le nombre d’étudiants qui travaillent durant l’année universitaire augmente. Ils ont diverses raisons pour entrer dans la vie active tout en restant étudiants : choix personnel, obligations financières… Ainsi, selon une enquête de lObservatoire de la Vie étudiante, datant de 2010, environ 50% des étudiants à l’Université sont dans ce cas. Rencontre avec ces étudiants à Besançon.

LE POURQUOI DU PHENOMENE 

La majeure partie des étudiants que nous sommes allés rencontrer tiennent le même discours, à savoir qu’ils ne veulent pas demander trop d’argent à leurs parents, ces derniers étant déjà eux-mêmes juste financièrement, notamment en ces temps de crise. Pamela, travailleuse en périscolaire et étudiante en sciences du langage, se confie : « Parfois, il est difficile de joindre les deux bouts. Les aides familiales ou la bourse ne suffisent pas, le travail devient donc indispensable. ».

Cependant, le besoin de financer les études n’est pas la seule motivation qui pousse les étudiants à travailler. D’autres raisons apparaissent comme la volonté d’autonomie, de découvrir le monde du travail ou de rechercher des expériences professionnelles. Cécile, étudiante en biologie et baby-sitter, explique sa décision : « Travailler en plus de mes études est un choix, ce n’était pas une obligation. Cela m'aide à satisfaire mes besoins éventuels parce qu’entre le loyer, le transport et autres dépenses, c'est un peu compliqué… J’aurais pu me satisfaire de la bourse que j’ai obtenu mais j’aurais dû faire beaucoup de sacrifices alors qu’en travaillant il y a moins de pression au niveau budget. Etre baby-sitter n’a rien à voir avec mes études mais c’est un boulot agréable. »

Si l’on ajoute les étudiants qui travaillent durant l’été, les chiffres montaient à 73%, en 2010. Parmi ceux qui travaillent durant l’année scolaire, 20 % sont à mi-temps et 28 % à temps plein. On constate une importante augmentation, car selon l’Insee, en moyenne sur 2004-2006, 19,2 % des étudiants du supérieur cumulaient emploi et étude.

L'ATTITUDE AMBIGUE DE L'UNIVERSITE

A cause de la crise économique actuelle, les parents ne peuvent plus aider autant leurs enfants car ce qu’ils gagnent, ils en ont besoin. Chacun « se serre la ceinture » confie François, étudiant en lettre et travailleur à mi-temps dans un supermarché. Il ajoute que malgré sa volonté de bien faire, la situation est difficile à vivre vis-à-vis des autres car quand il part au milieu d’un cours, il est « mal vu ». Ce discours apparaît aussi dans celui de Pamela. Elle se dit « gênée » de « demander des cours que l'on a loupé, car on craint d'être "mal vu" et parfois, cela crée des distances. »

Pour François, l’université s’adapte et accepte sa situation mais des professeurs ne semblent pas toujours la comprendre. Ils oublient que « je suis obligé de travailler sinon les études, c’est fini pour moi. Je suis plus fatigué, je n’ai pas le temps d’étudier autant que je le voudrais mais au moins je me démène pour continuer et certains n’ont pas l’air de comprendre ça. ».

Le problème est alors la réussite aux examens qui est réduite à cause de leur travail. En effet, le poids du travail se ressent et a un impact sur les études. Pamela dresse d’ailleurs un constat mitigé sur ce point : « C'est très difficile d'associer le travail et les études. Souvent, on loupe un bon nombre de cours, ce qui nous met en décalage avec les autres, il nous faut faire alors un double travail pour rattraper le coup, afin de ne pas être perdu lors des examens. C'est surtout, le fait de rattraper nos cours qui pose un problème lorsqu'on travaille. ».

SANTE ET REUSSITE A RISQUE ?

Certains travaux scientifiques tendent à montrer que les expériences de travail ont des conséquences dans la vie des étudiants, notamment sur leur santé et rythme de vie. Même s’il y a peu de travaux qui étudient le lien direct avec l’exercice d’une activité rémunérée, des observateurs pensent ainsi que la santé des étudiants, qui ont un travail, peut parfois se détériorer avec le stress, des problèmes de sommeil...

Au-delà d’une durée de 15 à 20 heures par semaine, le travail entraîne une diminution du nombre d’heures de sommeil et de l’exercice physique ainsi qu’une augmentation de la fatigue et parfois de la consommation de tabac. Cependant, les chercheurs montrent qu’à l’inverse un travail qui plaît à l’étudiant et qui demande moins d’heures de travail, lui permet de développer des compétences et a un effet positif avec une plus grande motivation et estime de soi. Par ailleurs, ces expériences permettent de mieux s’organiser et de découvrir ses capacités personnelles.

Au-delà des effets sur la santé, pratiquer une activité rémunérée a des effets sur la réussite universitaire. Différents travaux menés sur le lien entre le travail étudiant et l’échec aux examens, ou l’arrêt des études, constatent que d'importants horaires de travail en plus des études réduisent très fortement la probabilité de réussite. En effet, le taux d’échec à l’université augmente à partir de 16 à 20 heures travaillées par semaine. Pour Pamela, il faut se motiver mais ce n’est pas un « frein », même si ses résultats sont moins bons que ceux d’étudiants à temps plein : « J'ai toujours eu des résultats assez satisfaisants, mais il faut admettre qu'il y a forcément une différence entre ceux qui sont au cours de façon régulière et ceux qui y viennent occasionnellement. »

LES PLUS DU MOINS...

Quand on demande à Pamela ce qu’elle prend pour positif de cette situation, elle répond à l’image de la quasi-totalité des autres étudiants interrogés : « Je peux dire que l’expérience professionnelle est le seul point positif. Mais ça dépend aussi de quel genre de travail on fait. Car parfois ce sont des boulots qui n'ont rien avoir avec notre formation. » Régulièrement, l’activité, en effet, n’a aucun lien avec le domaine et le niveau d’étude de l’étudiant. D’après l’Insee, un tiers des étudiants salariés occupe un emploi sans aucun lien avec leur niveau ou leur domaine d’étude. L’Insee indique dans son rapport de 2010 que ce sont « les vendeurs, les caissiers et les surveillants [qui] y sont surreprésentés ». Malgré tout, avoir une expérience professionnelle en plus par rapport aux autres étudiants est positif dans le sens où ces travailleurs montrent qu’ils sont motivés.

Quant à Cécile, elle répond que travailler en dehors des cours lui permet d’avoir « une plus grande autonomie », elle sait maintenant prendre ses responsabilités et voir où sont ses priorités en développant des « valeurs » et des principes qu’elle suit pour réussir ses études.

Chacun de ces étudiants essaie de tirer du positif de leur activité professionnelle, d’en faire un atout qui leur permet de se motiver pour continuer à avancer. 

 

Eloïse JACQUEMIN

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