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14 février 2014

Messieurs, ne soyez pas des agresseurs !

Liberté, égalité, fraternité. Ces trois mots simples, connus de tous, constitue à eux trois la devise de la république française. Trois mots simples, mais qui chaque jours sont remis en question par les actes les plus anodin. Le hashtag #safedanslarue nous en apporte une nouvelle preuve. 

Tout commence avec un fil de discussion sur Twitter ou un homme s’étonnait de l’image que lui renvoyait la presse féminine. Il ne comprenait pas pourquoi lorsqu’il croisait une fille dans la rue, le soir, celle-ci pressait le pas et cherchait à l’éviter. Il a reçu de nombreuses réponses de jeunes femmes qui lui expliquaient que pour elle, marcher dans la rue le soir était toujours une source de crainte. La discussion s’est poursuivie en adoptant le hashtag #safedanslarue et de nombreuses personnes ont fait part de leur technique pour lutter contre la peur. L’une écoutait sa musique à fond, une autre choisissait de « marcher moche », une autre encore gardait ses clefs en main en cas d’aggression. Tout a dégénéré après que Crêpe Georgette, une bloggeuse féministe, propose une liste de conseil à destination des hommes pour rassurer les femmes dans la rue. L’un d’entre eux, changer de trottoir et rapidement dépasser les jeunes filles sur notre chemin, a suscité la colère des hommes qui suivait la discussion. Pour eux, changer de trottoir était un aveu de faiblesse, une proposition absurde. Après tout, entre l’empathie et la flemme, il faut faire un choix !

Quand les filles filent droit...

Au final, plusieurs twittoes ont clarifié la situation, en expliquant qu’il s’agissait surtout de prêter attention aux craintes des autres. Mais au-delà du débat sur tel ou tel conseil, cette discussion a le mérite de soulever un point important. La moitié de la population ne se sent pas en sécurité dans les rues. Alors même que les statistique du viol montre que l’agresseur est dans la grande majorité des cas un proche, voir un membre de la famille, les femmes appréhendent le simple fait de sortir dans la rue. Des études sur le déplacement des individus en ville ont révélé une véritable fracture entre les comportements masculins et féminins. Les hommes flânent, trainent dans les rues, se permettent de stationner. Les femmes elles, ne se déplacent qu’en ligne droite, en se déplaçant d’un point précis à l’autre. Mais le pire dans tout ça, c’est que ce comportement est accepté de façon presque inconsciente par la gente féminine. En tant que garçon, je n’ai jamais eu à m’inquiéter de l’heure à laquelle je rentrais de soirée, par quel chemin ou bien si j’étais accompagné. Et j’ai mis du temps à comprendre que pour les filles, ce n’était pas aussi simple. Beaucoup des jeunes femmes ayant participé à la discussion sur Twitter expliquaient qu’elles renonçaient régulièrement à sortir le soir si elles n’avaient pas une excellente raison. Et pour la plupart d’entre elles, il est naturel d’avoir peur. Elles ont été éduquées dans l’idée que la rue était un lieu potentiellement dangereux. Et aujourd’hui, entendre les pas d’un homme derrière elles dans la rue suffit à activer ces réflexes d’autodéfense. 

"Hé, Mad'moizelle..."

Le reportage d’une étudiante en journalisme belge sur les réflexions auxquelles devaient faire face les filles qui avait le malheur de se déplacer dans la rue ont permis à de nombreuses personnes de réaliser la différence de vécu entre un homme et une femme. Et pourtant, nombreux sont les hommes aujourd’hui qui considère normal d’aborder une fille en pleine rue. Ils ne comprennent pas que non, une fille ne marche pas dans la rue pour répondre aux compliments de tous les individus mâles qu’elle croisera sur son chemin. Le classique « Hé mademoiz’elle » n’est ni plus ni moins gênant que « hey, gardez toujours votre sourire ». La rue est un lieu publique, mais c’est aussi un lieu de passage. Même lorsque vous abordez quelqu’un avec les meilleurs attentions du monde, il ne faut pas oublier que la plupart du temps, les gens dans la rue n’y sont pas par hasard. Il se rendent quelque part. Et ils n’ont pas forcément le temps ni l’envie de répondre à la moindre sollicitation de mâle en rut. Surtout quand au compliment, suscite l’insulte. 

Tant que...

Encore une fois, il s’agit là de comportement. Seulement, l’homme est censé être un chasseur. C'est un « vrai mec » le gars qui aborde une fille dans la rue. Et malheur à elle si elle n’ose pas répondre. Elle portait une minijupe, elle souriait, j’te jure elle m’a fait un clin d’œil. Tout est prétexte est suffisant. Mais ce sont de faux prétextes. Rien de tout cela n’est une raison suffisante pour aborder une fille dans la rue. Il y a de nombreux lieux de où les gens sont disposés à rencontrer des inconnus. Les bars, les sites internet, les soirées entre amis… Hélas, tant qu’on continueras à enseigner aux filles qu’il est normal de devoir faire attention dans la rue, tant que l’on n’expliquera pas aux garçon que les filles ne sont pas « disponibles » ou réceptives n’importe quand, la moitié de la population ne pourra pas se promener librement dans les rues. Une honte pour un pays où l’égalité est inscrite comme valeur fondatrice.

Geoffrey CLEMENT

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